La peur d’avoir peur des risques économiques.
(Les chantiers d’infrastructures se lèvent contre la pandémie.)
Par Pieter ‘s Heeren
À la rentrée parlementaire, le gouvernement du Québec a l’intention de proposer un nouveau projet de loi qui aura pour but d’accélérer la réalisation des travaux d’infrastructures à la grandeur de la province.
Ce projet remplacera le projet de loi 61 qui n’a pu être adopté en juin dernier en raison du refus des partis d’opposition d’y adhérer.
D’ailleurs, ce projet de loi 61 ne faisait pas l’unanimité au sein de la population en dépit de l’appel ‘urgent’ du gouvernement de relancer l’économie en utilisant le levier de la réalisation des travaux dans le domaine des routes, des ponts et du transport collectif.
Pourtant il y a raison d’agir!
Le manque de main d’œuvre sera un facteur, à moyen et long terme. Toutefois, à court terme, une intervention forte est justifiée afin d’assurer le maintien des emplois et l’économie en raison d’un ralentissement marqué, de l’indécision des investisseurs, et d’une possible deuxième vague.
La relance de la construction
Ceci peut sembler contre-intuitif, avant même que les parlementaires soient parvenus à s’entendre sur un projet de relance, car actuellement le domaine de la construction a donné le coup d’envoi à sa propre reprise.
Je ne suis pas du tout étonné que ce « boom » des derniers mois se soit étendu bien au-delà des projets d’infrastructures.
À compter du moment où le gouvernement provincial a rouvert les chantiers, le 11 mai, ce fut un déferlement ressenti dans toutes les régions. De plus, tous les secteurs ont emboîté le pas : le résidentiel, la voirie, le commercial et l’industriel.
Ce fut une sorte de reprise des retards qui a provoqué un réveil subséquemment dans plusieurs autres domaines de l’économie.
C’est ainsi que les chaînes d’approvisionnement liées à la construction, composées de nombreuses PME, ont pu aussi sortir de l’emprise des effets de la pandémie.
Toutefois, ils doivent encore gérer les contrecoups de la pénurie des matériaux, à tous les jours, et les prix s’en trouvent affectés.
Reprise du boulot mais pour combien de temps
Les statistiques de chômage depuis le début de la pandémie sont révélatrices.
Cette reprise des retards dans le domaine de la construction n’était pas étrangère au fait que le taux de chômage ait reculé de façon importante. Le tout c’est traduit par la création de 2 millions d’emplois au Canada ces deniers mois. Dans les faits, il en manque encore 1 million pour revenir au niveau pré-covid.
Mais avec des chantiers qui se font livrer et les retards qui se résorbent on doit regarder en avant et voir les risques qui nous attendent. Des risques d’une reprise anémique post-covid après le <boom>.
L’accélération des chantiers est la bonne solution pour pallier au possible manque de travail dans les prochains mois. La rigueur de la gestion de ces chantiers sera aussi importante car qui dit accélération dit risque d’erreurs que le « processus » protège.
L’inconnu dans l’équation est de l’impossibilité de savoir si les projets d’infrastructure arriveront à temps pour pallier à l’après « boom »…
Règles de l’art
La crainte de certains observateurs est qu’en accélérant les chantiers, supportés par des pouvoirs spéciaux on escamote certains garde-fous qui ont été mis en place au fil du temps pour assurer une saine gestion.
Or, tout en étant d’accord avec ces protections, ils ne tiennent pas compte de l’urgence actuelle. S’en prévaloir demande du temps…du temps que l’on n’a pas.
Il serait souhaitable de cesser de faire de la politique et de modifier le texte de loi pour que les éléments suivants ne soient pas un « open bar » :
- État d’urgence
- Contourner règles environnementales
- Contourner procédures d’appel d’offres
- Immunité aux poursuites
Il est impératif de s’attaquer au véritable risque économique qui pourrait nous toucher tous.